Pourquoi je voterai contre le projet de loi réintroduisant les néonicotinoïdes dans notre agriculture

Pourquoi je voterai contre le projet de loi réintroduisant les néonicotinoïdes dans notre agriculture

➡️ Les néonicotinoïdes : de quoi parle-t-on ?

Les néonicotinoïdes constituent la catégorie d’insecticide la plus vendue dans le monde. Ces substances agissent sur le système nerveux central des insectes. En raison de leur toxicité sur les pollinisateurs, mise en évidence par de nombreuses études, ces substances sont une des causes du déclin des colonies d’abeilles.

➡️ Que prévoit la loi ?

Depuis le 1er septembre 2018, l’utilisation de produits phytopharmaceutiques contenant des néonicotinoïdes est interdite en France. Dans de nombreuses situations, les produits contenant des néonicotinoïdes peuvent être remplacées par des solutions alternatives.

➡️ Si c’est interdit, pourquoi on en parle ?

Ce lundi, sera examiné à l’Assemblée un projet de loi prévoyant la réintroduction des néonicotinoïdes dans l’agriculture. L’objectif annoncé est de sauver la filière de la betterave sucrière, démunie face aux pucerons verts et à la jaunisse virale qui fait s’effondrer les rendements.

➡️ Et c’est quoi le problème ?

  • La crise de la betterave ne vient pas de l’interdiction des néonicotinoïdes mais de difficultés structurelles

La filière est structurellement fragile. Depuis septembre 2017, la fin des quotas sucriers s’est traduite par une forte augmentation des surfaces de betteraves sucrières et une chute du revenu du sucre de 35%. Rien qu’en France, quatre sucreries ont fermé récemment.S’il est nécessaire de protéger ce secteur, les estimations montrent que la production betteravière de 2020 devrait être la même que celle de 2015. La jaunisse peut donc être considérée comme un aléa de la récolte.

Malgré cette variation, la production de la France resterait la première d’Europe.

  • Accepter la réautorisation des néonicotinoïdes encourage un modèle agricole à bout de souffle et conduit nos agriculteurs dans l’impasse

L’échéance de suppression de ces pesticides est connue depuis longtemps et aucune alternative n’a été mise en place pour anticiper les risques.

Les cultivateurs sont trop dépendants des industries phytopharmaceutiques et ne sont pas du tout accompagnés à changer leurs pratiques. C’est là-dessus qu’il faut travailler.

  • Des alternatives existent : pratiques favorisant la biodiversité, présence de prédateurs des pucerons

Il existe de multiples alternatives, certaines encore en phases de test, d’autres ayant déjà montré leurs effets bénéfiques, mais le mirage des néonicotinoïdes a retardé l’adoption de ces bonnes pratiques indispensables sur le long terme. Si le secteur de la betterave peine à se les approprier, c’est qu’il est pour l’instant trop facile de faire avec une solution chimique clé en main, sans se soucier des dégâts environnementaux.

Pour toutes ces raisons, je voterai contre le projet de loi lundi.