COMMUNIQUE DE PRESSE – Lutter contre le sexisme dans le parcours de soins : une affaire de santé publique

COMMUNIQUE DE PRESSE – Lutter contre le sexisme dans le parcours de soins : une affaire de santé publique

Paris, le 27 octobre 2021

Alors que des affaires récentes remettent le sujet des violences gynécologiques et obstétricales au cœur de l’actualité, il est urgent de s’interroger sur les raisons pour lesquelles elles perdurent.

Depuis quelques mois, un professeur renommé, chef de service gynécologique-obstétrique et médecine de la reproduction à l’hôpital Tenon, fait l’objet de plusieurs plaintes : deux ont été déposées auprès du Parquet de Paris, l’une, en date du 28 septembre pour “viol par personne ayant autorité sur mineur de plus de 15 ans”, l’autre, en date du 30 septembre, pour “viol en réunion”. Suite à la médiatisation de cette affaire, le collectif StopVOG (stop aux violences obstétricales et gynécologiques) a reçu de très nombreux témoignages supplémentaires d’anciennes patientes. Le 8 octobre, l’AP-HP a annoncé sa mise en « retrait de ses responsabilités de chef de service et de responsable pédagogique ». Toutefois, il peut continuer à recevoir des patientes en consultations et à pratiquer des opérations. C’est pourquoi j’ai interpellé le ministre de la Santé, ainsi que le directeur général de l’AP-HP et la directrice de l’hôpital Tenon pour les alerter sur cette situation.

Le phénomène n’est pas nouveau. Il existe de nombreux témoignages de femmes ayant vécu du sexisme dans leur suivi gynécologique et obstétrical. Ces actes forment un continuum, des actes anodins en apparences aux violences les plus graves. Pour le Haut Conseil à l’Égalité, les actes sexistes durant le suivi gynécologique et obstétrical sont des gestes, propos, pratiques et comportements exercés ou omis par un.e ou plusieurs membres du personnel soignant sur une patiente au cours du suivi gynécologique et obstétrical. Dans son rapport de juin 2018 déjà, il soulignait l’ampleur du phénomène  et formulait des recommandations pour prévenir et empêcher de telles violences. Très récemment le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) a publié une charte de bonnes pratiques, signée par toute la profession, qui sera affichée dans les salles d’attente des professionnel.le.s. Pour produire ses effets, elle gagnerait à s’accompagner d’un système de contrôle et de sanction.

La responsabilité individuelle n’est pas la seule en cause : ce sont parfois les carences du système de santé qui poussent à la maltraitance, par manque criant  de temps et de personnel. Le hashtag #JeSuisMaltraitante, lancé par des sages-femmes témoigne de la souffrance de toute une profession. Elles dénoncent en particulier un sous-effectif chronique et critique qui met les professionnel.le.s dans l’impossibilité matérielle d’exercer leur métier dans de bonnes conditions et de garantir la sécurité des patientes (accouchement, post-accouchement, suivi gynécologique, IVG,…) et des nouveau-nés.

La mise en lumière des violences gynécologiques et obstétricales ne doit pas être l’arbre qui cache  la forêt, il ne s’agit pas d’une problématique individuelle mais bien un sujet de santé publique. Au-delà c’est une transformation à la fois de l’organisation du système de santé, du recrutement et aussi de la formation des professionnel.le.s de santé qui est nécessaire.

Albane Gaillot, députée du Val-de-Marne 

Contact presse : Noémie Rollet, noemie.rollet.ag@clb-an.fr – 06 74 82 22 39